Oumé: EPP Botakomékro, une infrastructure scolaire déplorable à l'approche de la rentrée 2024-2025

Oumé: EPP Botakomékro, une infrastructure scolaire déplorable à l’approche de la rentrée 2024-2025

Manquant de matériel et d’infrastructures adéquates, les élèves et enseignants de l’école primaire publique de Botakomékro font face à des conditions d’apprentissage précaires

À quelques jours de la rentrée scolaire 2024-2025, la situation de l’école primaire publique de Botakomékro, dans la sous-préfecture d’Oumé, met en lumière les défis cruciaux auxquels font face les établissements scolaires en milieu rural. Lors de notre visite, le samedi 31 août 2024, il était évident que cette école ne bénéficie pas des infrastructures adéquates pour offrir un environnement propice à l’apprentissage. Le constat alarmant de l’état piteux de l’école nous interpelle sur la nécessité de réexaminer les conditions dans lesquelles se déroule l’éducation en Côte d’Ivoire, particulièrement dans les zones reculées.

EPP Botakomékro, une école en matériaux précaires

EPP Botakomékro, une école en matériaux précaires

Construite en grande partie avec des matériaux provisoires, l’école de Botakomékro reflète les difficultés rencontrées dans la mise en place d’infrastructures durables en milieu rural. Le directeur de l’établissement, Brika Mathieu, déplore la vétusté des bâtiments, notamment l’absence de table-bancs pour les élèves, qui doivent parfois suivre les cours assis à même le sol. « Certains élèves prennent les cours assis par terre faute de table-bancs. Il n’y a pas de bureaux pour les enseignants, ni de logements pour les maîtres », se lamente M. Brika.

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L’école, qui compte six classes, est divisée entre une partie en dur inachevée et une autre en matériaux de fortune. La section en dur, bien que partiellement construite, manque cruellement de portes et de fenêtres, exposant les élèves et enseignants aux intempéries. Quant à la structure en bois et planches, elle est coiffée de toitures de paille et de plastiques noirs, dont la qualité laisse fortement à désirer. « Quand il pleut, les cours s’arrêtent car l’eau coule sur la tête des élèves et du maître », déplore M. Brika.

Le défi des enseignants

Le manque de logements pour les enseignants aggrave la situation. En effet, les trois instituteurs titulaires et trois bénévoles qui enseignent à Botakomékro sont obligés de résider à Oumé, à 15 kilomètres de l’école. Chaque jour, ils doivent parcourir cette distance pour dispenser les cours, une contrainte qui pèse lourdement sur leur quotidien et leur efficacité. « Nous avons soumis en vain le problème de logement aux autorités villageoises, ainsi qu’au conseil régional du Gôh. Nous gardons espoir pour la suite », indique le directeur, soulignant l’urgence d’une solution.

Cette situation n’est pas sans conséquences sur la qualité de l’éducation offerte aux élèves. Malgré les efforts fournis par les enseignants, les conditions d’apprentissage sont loin d’être idéales. « L’école est à l’état primitif comme si nous étions à l’époque coloniale », déclare M. Brika, visiblement frustré par le manque de soutien pour améliorer l’établissement.

Lutte pour améliorer les conditions à l'école primaire publique de Botakomékro : appel à l'action

Des résultats encourageants malgré les difficultés

Malgré ces conditions difficiles, l’école de Botakomékro parvient tout de même à obtenir des résultats encourageants. Lors de l’année scolaire précédente, 30 élèves ont été présentés au concours d’entrée en 6e, et 27 d’entre eux ont été admis. Ce succès est à mettre au crédit de l’engagement des enseignants et de la persévérance des élèves, mais il ne saurait masquer la dure réalité à laquelle ils sont confrontés au quotidien. « On dit que l’enfant a droit à l’éducation. Mais quelle éducation pouvons-nous donner aux enfants si les conditions de travail ne sont pas réunies ? », s’interroge M. Brika.

Lutte pour améliorer les conditions à l’école primaire publique de Botakomékro : appel à l’action

Pour le directeur de l’école, il est plus que temps que les décideurs prennent conscience des réalités du terrain et agissent en conséquence. « Il ne faut plus rester dans les bureaux feutrés pour dire que l’école va bien. Il faut se rendre dans les hameaux les plus reculés pour toucher du doigt les maux qui minent l’école ivoirienne en zone rurale », insiste-t-il.

Cet appel à l’action résonne comme un cri du cœur pour des milliers d’écoles rurales en Côte d’Ivoire, qui partagent des défis similaires. Les infrastructures insuffisantes, le manque de ressources matérielles et humaines, ainsi que l’éloignement géographique des enseignants sont autant d’obstacles à surmonter pour offrir une éducation de qualité à tous les enfants, sans distinction.

Manque d’équipements et de logements à l’école primaire publique de Botakomékro : une situation alarmante

Le conseil régional du Gôh, tout comme les autorités locales, sont interpellés sur cette question. Leur soutien est crucial pour la mise en œuvre de projets d’infrastructures durables dans les écoles rurales. La construction de logements pour les enseignants à Botakomékro permettrait, par exemple, de réduire les trajets quotidiens et d’améliorer leur disponibilité et leur implication dans la vie scolaire. Par ailleurs, achever la construction de l’école en dur avec des équipements adéquats garantirait des conditions d’apprentissage plus sûres et plus motivantes pour les élèves.

Une éducation pour tous

L’école de Botakomékro incarne la résilience et l’espoir d’une communauté désireuse d’offrir un avenir meilleur à ses enfants. Cependant, cet espoir doit être soutenu par des actions concrètes de la part des autorités. Le droit à l’éducation, inscrit dans la Constitution ivoirienne, ne doit pas rester un simple slogan. Il doit se traduire par des efforts soutenus pour améliorer les conditions d’apprentissage dans chaque coin du pays, des grandes villes aux hameaux les plus reculés.

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Alors que la rentrée scolaire approche, l’avenir de l’école de Botakomékro, et d’autres établissements similaires, dépend de la capacité des décideurs à écouter et à répondre aux besoins pressants des zones rurales. Le défi est grand, mais l’enjeu est encore plus important : garantir à chaque enfant, où qu’il se trouve, l’accès à une éducation de qualité.

Alain Doua

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