Gagnoa - Conflit foncier: 515 acquéreurs face à Alexis Nguessan Zékré sur le site Bervelly

Gagnoa – Conflit foncier: 515 acquéreurs face à Alexis Nguessan Zékré sur le site Bervelly

Alors que chaque camp revendique la propriété du terrain, le conflit foncier s’intensifie malgré des tentatives de médiation

Un conflit foncier oppose actuellement 515 acquéreurs de parcelles de terrain à Alexis Nguessan Zékré, un cadre influent de Gagnoa, autour d’un site dénommé « Bervelly ». Situé entre les villages de Barouhio et de Kakredou, ce terrain fait l’objet d’une bataille acharnée, mettant en opposition deux camps aux intérêts diamétralement opposés. Alors que les deux villages revendiquent chacun une part de l’espace, la situation est devenue si tendue que les protagonistes se regardent désormais « en chien de faïence », selon les termes d’un acquéreur.

Conflit foncier à Gagnoa entre acquéreurs de terrain et Alexis Nguessan Zékré

Ce mercredi 4 septembre 2024, la tension est montée d’un cran lorsque des acquéreurs ont manifesté leur mécontentement sur le site, dénonçant ce qu’ils perçoivent comme une tentative de déguerpissement orchestrée par Alexis Zékré.

Daniel Gahié, porte-parole des 515 acquéreurs, a pris la parole pour défendre la légitimité de leur acquisition. Selon lui, chaque acheteur est en possession d’une attestation villageoise délivrée par le chef de village de Barouhio, Ottro Sylvain Dalouamené, et validée par le chef de terre. « Nous avons tous acheté ces parcelles en toute légalité auprès de la chefferie de Barouhio », précise Gahié, rappelant que les ventes ont été réalisées avec l’aval des autorités coutumières locales.

Problème de propriété foncière à Gagnoa sur le site Bervelly

Pour les acquéreurs, la situation est d’autant plus incompréhensible qu’ils ont déjà commencé à exploiter leurs terrains lorsque, à leur grande surprise, Alexis Zékré a remis en question leurs droits fonciers.

Le chef de village de Barouhio, également présent sur le site lors de la manifestation, a confirmé les propos de Gahié. « Selon nos ancêtres, ces terres appartiennent à Barouhio », a-t-il affirmé. Il explique que c’est sur cette base que le lotissement a été réalisé, et les parcelles ont été cédées aux acquéreurs. Pour l’autorité villageoise, Alexis Zékré n’a aucun droit sur ces terres. Toutefois, la contestation ne se limite pas aux simples déclarations des deux camps. Le conflit est enraciné dans des divergences plus profondes concernant la propriété du terrain.

Tensions autour d’un conflit foncier à Gagnoa, villages de Barouhio et Kakredou

Cependant, une autre source affirme que le site litigieux appartient bel et bien à Alexis Nguessan Zékré. Mieux, ce dernier disposerait d’un certificat foncier en bonne et due forme, délivré en 2011, qui fait de lui le propriétaire légitime du terrain. Toutefois, cette revendication suscite des doutes du côté de Barouhio.

Le chef de village, Ottro Sylvain, a remis en question l’authenticité du titre foncier, en soulignant que l’année 2011 coïncide avec une période d’instabilité politique majeure en Côte d’Ivoire. « C’était une période de guerre, comment peut-on délivrer un certificat foncier en pleine crise ? », s’est-il interrogé. Malgré ces réserves, il semble que la justice ait donné raison à Zékré.

Un litige judiciaire complexe

Le litige ne se limite pas à un simple affrontement entre deux villages et un cadre influent. L’affaire a en effet été portée devant le tribunal de première instance de Gagnoa, où les acquéreurs ont été déboutés, selon une source juridique proche du dossier. Cette décision a également été confirmée par la cour d’appel de Daloa, renforçant la position de Zékré en tant que propriétaire légitime du site. Néanmoins, plusieurs acquéreurs affirment ne pas avoir été informés de cette décision judiciaire, ce qui contribue à alimenter leur mécontentement et à exacerber la tension sur le terrain.

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Selon certains acquéreurs, cette situation est inacceptable. « Nous n’avons jamais été informés d’un quelconque procès ou d’une décision de justice en faveur de Zékré », s’indigne un des manifestants. Cette confusion contribue à entretenir une atmosphère de défiance vis-à-vis des décisions judiciaires et alimente les manifestations des acheteurs qui refusent de céder sans avoir été clairement informés des procédures en cours.

Une médiation difficile entre Barouhio et Kakredou

Le conflit territorial entre Barouhio et Kakredou ajoute une couche de complexité à l’affaire. Selon les habitants de Kakredou, certaines des parcelles vendues par le village de Barouhio appartiendraient en réalité à leur territoire. Ces revendications ont conduit à une rencontre entre les autorités des deux villages, mais sans parvenir à un accord.

« Un tête-à-tête a été organisé, mais il n’a donné aucun résultat concret », a déclaré un observateur présent lors de la discussion. La chefferie de Barouhio a promis une nouvelle réunion dans une semaine pour tenter de trouver une issue à cette impasse. En attendant, le chef Ottro Sylvain a exhorté les acquéreurs à faire preuve de patience et de calme. « Nous sommes dans un processus de règlement du litige », a-t-il déclaré, appelant chacun à garder son sang-froid.

Déguerpissement contesté dans un conflit foncier à Gagnoa

Malgré les tensions croissantes, plusieurs parties appellent à une solution à l’amiable pour éviter une escalade de la situation. L’incertitude sur l’issue judiciaire du conflit et les revendications territoriales opposées entre les villages de Barouhio et Kakredou rendent toute résolution rapide difficile. Toutefois, les différents protagonistes semblent ouverts à la négociation, à condition que des preuves concrètes de propriété soient présentées et reconnues par toutes les parties concernées.

En attendant, les acquéreurs continuent de demander des explications claires sur les titres fonciers et espèrent que la situation pourra se dénouer sans recours à des mesures extrêmes. L’appel au calme lancé par les chefs coutumiers est pour l’instant la seule lueur d’espoir dans ce conflit où le dialogue semble être la clé pour sortir de l’impasse. A lire aussi : Pourquoi Moscou s’acharne contre ses scientifiques.

Alain Doua

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