L’AFERA ouvre la voie à des solutions innovantes pour financer durablement les routes africaines
Pour assurer le développement économique de l’Afrique, les routes doivent être viables et bien entretenues sur le long terme. Mais la chronique du sous-financement des fonds routiers met en péril cet objectif.
La 21ème Assemblée Générale de l’Association des Fonds d’Entretien Routiers Africains (AFERA) se déroule du 13 au 16 mai 2024 à Abidjan. Les échanges portent sur les défis majeurs de financement que connaissent les pays du continent pour entretenir leurs réseaux routiers. Face à l’insuffisance des ressources actuelles, de nouvelles pistes ont été évoquées pour trouver des solutions de financement pérennes et innovantes.
Comment l’Assemblée Générale de l’AFERA en 2024 aborde-t-elle la question du financement des infrastructures routières en Afrique ?
La Côte d’Ivoire dispose d’un réseau routier classé de 82 000 km dont 8 100 km de routes revêtues interurbaines, auquel s’ajoutent 5 000 km de voiries urbaines et plus de 200 000 km de pistes rurales non classées.
Le Premier ministre ivoirien Robert Beugré Mambé
Selon lui, le Gouvernement a investi plus de 3 000 milliards de FCFA depuis 2011 pour la construction, l’extension et la modernisation de ce vaste patrimoine routier. « Entre 2012 et 2023, l’État a engagé 1 700 milliards de FCFA financés par le Fonds d’Entretien Routier pour des travaux sur tout le territoire », a-t-il précisé. Malgré ces efforts, « les budgets annuels du FER ne permettent pas de couvrir tous les besoins d’entretien », admet M. Beugré Mambé.
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Financement durable des routes africaines : l’AFERA 2024 fait des propositions innovantes
C’est pourquoi la Côte d’Ivoire a lancé en 2014 l’exploitation de pénalités routiers pour dégager des ressources supplémentaires. « Nous disposons aujourd’hui de 10 postes de conséquences opérationnelles », s’est félicité le Premier ministre.
Cette situation financière tendue n’est pas l’apanage de la Côte d’Ivoire mais concerne la plupart des 35 pays représentés à l’AFERA. « Les ressources issues des taxes sur les carburants, pénalités, etc. sont insuffisantes pour assurer un financement durable de l’entretien routier », a déploré Ésaie Moussa Aubin, président de l’AFERA et directeur général du Fonds routier du Cameroun.
Quelles sont les recommandations pour un financement durable des routes africaines ?
Face à ce constat, les participants ont prôné une refonte en profondeur des schémas de financement des routes africaines. « Il faut intégrer de nouveaux paramètres au-delà du simple trafic dans les études de rentabilité économique, comme les bénéfices que génèrent les routes elles-mêmes en termes de désenclavement et de développement », a plaidé Annick Tohé Lasme, directrice générale du FER ivoirien. .
« Nous devons privilégier les financements à très longs termes, sur 20 à 30 ans voire plus, pour étaler les remboursements et rendre les projets routiers viables », a renchéri un représentant de la Banque Mondiale présente aux Assises.
En outre, la mise en place de programmes pluriannuels d’entretien routier budgétaires à l’avance « pour mieux préserver les investissements initiaux plutôt que d’intervenir au coup par coup », selon la ministre ivoirienne des Infrastructures.
Les nouveautés de l’AFERA 2024
Enfin, de nombreux intervenants ont insisté sur la nécessité d’innover dans les techniques et matériaux routiers. « Nos pays doivent favoriser la recherche de revêtements routiers plus durables et résilients, en s’appuyant sur l’expertise des laboratoires locaux », a exhorté le président de l’AFERA.
A l’issue de ces 21èmes Assises, les participants ont lancé un appel pour un changement de paradigme dans le financement des infrastructures routières africaines. Seule une mobilisation de tous les acteurs – fonds routiers, bailleurs, ministères, société civile – permettra de relever ce défi crucial pour le désenclavement et l’essor économique du continent. A lire aussi : Soudan : la ville d’El Fasher est dans l’attente d’une offensive des paramilitaires de Hemedti.
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