: La Côte d'Ivoire priorise sa transformation locale des noix de cajou

Noix de cajou : la Côte d’Ivoire suspend les exportations brutes pour booster la transformation locale

Une stratégie offensive pour capter plus de valeur ajoutée sur cette culture d’exportation majeure. La Côte d’Ivoire frappe ainsi un grand coup pour l’industrialisation de sa filière noix de cajou.

La Côte d’Ivoire, premier producteur et exportateur mondial de noix de cajou, vient de prendre une décision forte pour soutenir son secteur agroalimentaire. Voilà, à compter du 7 mai 2024, les autorités ont décidé de suspendre temporairement les achats et exportations de noix brutes de cajou par les exportateurs. Un coup d’accélérateur donné à la transformation locale d’une de ses principales cultures d’exportation.

Développer la transformation locale de noix de cajou, un enjeu majeur

Derrière cette mesure se cache un objectif clair des autorités ivoiriennes: garantir l’approvisionnement des unités locales de transformation en noix de cajou. En effet, malgré son statut de premier producteur mondial avec près de 1 200 000 tonnes lors de la campagne 2023, la Côte d’Ivoire exporte encore une grande partie de sa production sous forme de noix brutes, faiblement valorisées.

Or, la transformation des noix de cajou représente un formidable levier de création de valeur ajoutée et d’emplois pour le pays. C’est pourquoi, en transformant localement ses noix, la Côte d’Ivoire peut non seulement augmenter ses recettes d’exportation, mais aussi créer des emplois dans un secteur en plein essor.

Suspension des exportations de noix de cajou brutes : un coup de pouce aux industriels locaux

En outre, cette décision temporaire donne un coup de pouce significatif aux industriels locaux de la transformation des noix de cajou. En interdisant les exportations de noix brutes pendant un temps déterminé, l’État garantit que toute la production nationale soit disponible pour approvisionner les unités locales de transformation.

Car cela permettra aux entreprises ivoiriennes de sécuriser leurs approvisionnements et de planifier sereinement leur production, sans craindre de pénuries. Un avantage concurrentiel de taille face à leurs concurrents étrangers qui devront s’approvisionner à l’international.

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Une stratégie de montée en gamme

Par ailleurs, cette mesure s’inscrit dans une stratégie plus large de montée en gamme des filières agricoles ivoiriennes, portée par les autorités. Ainsi, l’objectif est de ne plus se contenter d’exporter des matières premières faiblement valorisées, mais de capter une plus grande partie de la valeur ajoutée en développant la transformation locale.

Après le succès de son complexe de transformation d’anacarde à Yamoussoukro, le gouvernement souhaite répliquer ce modèle dans d’autres filières stratégiques comme le cacao, le coton ou l’hévéa. De même, la Côte d’Ivoire mise sur le développement d’une véritable industrie agroalimentaire pour assurer sa montée en gamme économique.

Des sanctions en cas de non-respect de l’interdiction d’exportation de noix de cajou

Pour s’assurer de l’effectivité de cette mesure temporaire, les autorités ont prévu un régime de sanctions pour tout manquement constaté. Tout achat ou exportation illicite de noix brutes pendant cette période d’interdiction s’exposera à des sanctions, conformément aux lois en vigueur sur la commercialisation des produits agricoles soumis à agrément.

Une période de transition à bien négocier

Si cette décision semble être un bon signal pour l’industrialisation du pays, elle pourrait cependant perturber temporairement les opérateurs économiques habitués à exporter des noix brutes. De plus, il faudra donc bien négocier cette période de transition avec eux, en définissant une durée raisonnable qui leur permette de s’organiser.

La Côte d’Ivoire fait un pari stratégique sur la montée en gamme de ses filières agricoles, véritable moteur de croissance économique pour le pays. Nul doute que d’autres cultures d’exportation pourraient suivre la voie de la noix de cajou dans les années à venir. A lire aussi : Kenya : la police réprime une manifestation contre l’évacuation d’un bidonville.

Jacques Anderson

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