Gisement aurifère en Côte d’Ivoire « de classe mondiale »: aubaine économique ou menace sécuritaire ?
Entre opportunités financières et risques sécuritaires majeurs, l’exploitation du « projet Koné » s’annonce comme un défi de taille pour les autorités ivoiriennes.
L’annonce récente de la découverte d’un gisement aurifère « de classe mondiale » dans le nord de la Côte d’Ivoire a suscité un vif enthousiasme au sein du gouvernement ivoirien. Baptisé « projet Koné », ce gisement représente l’une des plus importantes réserves d’or jamais découvertes dans le pays, avec des ressources estimées à 155,5 tonnes. Cependant, au-delà des retombées économiques prometteuses, cette découverte soulève également des inquiétudes quant aux risques sécuritaires potentiels dans une région déjà fragilisée par la menace terroriste.
Découverte d’un gisement aurifère en Côte d’Ivoire : une opportunité économique de taille, mais à double tranchant
D’un point de vue purement économique, le « projet Koné » constitue une véritable aubaine pour la Côte d’Ivoire. Avec une production annuelle estimée à 11 millions de tonnes de minerai, cette mine pourrait propulser le pays au rang des principaux producteurs d’or en Afrique, aux côtés de poids lourds comme le Ghana, l’Afrique du Sud ou le Mali.
Pour un pays dont la production aurifère était de 50 tonnes en 2023, l’exploitation de ce gisement représenterait un bond en avant considérable. Les retombées financières seraient substantiellement importantes, tant en termes de devises générées par l’exportation de l’or que de revenus fiscaux pour l’État ivoirien.
Les ressources minérales de ce gisement, la plus grande mine dans le pays à ce jour, sont évaluées à 5 millions d’onces, soit 155,5 tonnes d’or avec une teneur moyenne de 0,72g/t.
Le président Directeur Général du groupe minier Montage gold, Martino De Ciccio
En outre, ce projet d’envergure devrait engendrer la création de quelque 4500 emplois directs et indirects, une véritable bouffée d’oxygène pour ces départements reculés du nord de la Côte d’Ivoire, souvent retardées sur le plan de développement économique. De ce fait, le financement de projets sociaux en faveur des populations locales de Kani et Dianra est également prévu.
Sur le plan mondial, l’arrivée de la Côte d’Ivoire en tant que nouvel acteur majeur du secteur aurifère pourrait avoir un impact non négligeable sur les équilibres du marché de l’or. Une production supplémentaire de cette ampleur pourrait influencer sur les cours et les rapports de force entre pays producteurs.
Une zone à risques sécuritaires
Cependant, si les perspectives économiques sont réjouissantes, les risques sécuritaires entourant ce projet ne sont pas à négliger. La localisation du gisement, à plus de 600 kilomètres au nord d’Abidjan, dans une zone reculée et à environ 300 kilomètres du Mali, soulève de sérieuses inquiétudes.
Les raisons, la région du Sahel est en effet en proie à une grave crise sécuritaire, marquée par la présence de groupes djihadistes violents comme l’État islamique au Grand Sahara (EIGS) ou le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM). Bien que la menace soit pour l’instant contenue à l’extérieur des frontières ivoiriennes, ces groupes armés pourraient être tentés d’étendre leurs activités vers le nord de la Côte d’Ivoire.
Le contrôle des ressources naturelles, et en particulier des mines d’or, est en effet un enjeu crucial pour ces organisations terroristes. L’or représente une source de financement majeure pour leurs opérations, via les réseaux de contrebande et de blanchiment d’argent. La découverte du gisement Koné pourrait ainsi attiser les convoitises de ces groupes armés.
De plus, l’exploitation minière crée souvent un appel d’air pour les activités criminelles telles que le grand banditisme, les vols à main armée ou encore le trafic d’armes et de stupéfiants. Dans des zones instables comme le Sahel, ces entreprises illégales trouvent un terreau fertile pour prospérer à l’ombre de l’économie souterraine florissante autour des mines d’or.
A lire aussi : De nouvelles nominations à la Présidence de la République et au Gouvernement de Côte d’Ivoire.
Les implications sécuritaires de la récente découverte d’un gisement aurifère géant en Côte d’Ivoire
Face à ces menaces sécuritaires, « les autorités ivoiriennes devront redoubler de vigilance pour sécuriser le site minier de Koné et ses environs. Un effort sans précédent sera nécessaire en termes de moyens humains et matériels pour assurer la protection des travailleurs, des infrastructures et des populations locales », a déclaré un officier de police.
Pour ce policier, au-delà du simple renforcement de la présence des forces de sécurité nationales, une coopération renforcée avec les pays voisins sera indispensable. Le partage d’informations sur les mouvements des groupes armés et la coordination des opérations militaires sera au cœur de cette lutte contre les menaces transnationales.
Les entreprises minières elles-mêmes devront revoir leurs procédures de sécurité et envisager des mesures drastiques comme l’installation de systèmes de surveillance et de détection déterminés ou le déploiement de sociétés privées de sécurité.
C’est pourquoi, le projet Koné prévoit un volet préventif afin de cibler les causes profondes de l’insécurité dans la région, en s’attaquant aux racines de la pauvreté, du chômage et du sentiment d’exclusion des populations locales. Le financement de programmes de développement économique et social dans les zones d’influence du projet minier pourrait contribuer à étouffer les velléités d’accointance avec les groupes criminels.
En somme, le gisement de Koné représente à n’en point douter un formidable levier de croissance pour la Côte d’Ivoire. Cependant, les risques sécuritaires inhérents à cette découverte ne doivent pas être sous-estimés. Une approche globale, combinant la puissance militaire, la coopération régionale et les efforts de développement local, sera essentielle pour transformer cette opportunité économique en un succès durable et pérenne pour le pays. A lire aussi : Burkina Faso : Des partisans du régime militaires manifestent devant l’ambassade des Etats-Unis à Ouagadougou.
Commentaires